Les couleurs comme langage
Hélène d’Annoville
Née en 1974, Hélène d’Annoville grandit au cœur de la Normandie, bercée par les lumières changeantes, le murmure du vent et la passion transmise par son grand-père et son père. Très tôt, ils éveillent chez elle un sens aigu de l’observation, lui apprenant à regarder le monde comme un paysage vivant, vibrant d’harmonies et de silences. De cette enfance naît une curiosité insatiable pour la peinture — un apprentissage libre, instinctif et joyeux.
En 2007, sa rencontre avec la pédagogie Martenot — et sa philosophie de « l’épanouissement de la personne par l’art » — résonne comme une évidence. Peindre devient alors un espace d’écoute intérieure, une manière d’accueillir ce qui se révèle dans le geste et la couleur.
Son parcours est marqué par le voyage et l’ouverture. Après la Normandie, l’expérience des États-Unis élargit son horizon : l’immensité des paysages, les ciels démesurés, la lumière brute nourrissent son regard et son besoin d’espace. Plus tard, en Suisse, elle retrouve une autre forme de silence — celui des montagnes, des lacs, de la neige — un silence qui devient matière première de sa peinture.
Inventer et décrire : ces deux mots résument sa démarche. Inventer, comme on découvre un trésor enfoui ; décrire, comme on expose ce trésor au grand jour, le déposant sur la toile pour lui donner souffle et forme. Dans ses œuvres, le petit promeneur surgit comme une présence discrète — symbole de l’artiste elle-même, avançant pas à pas dans l’immensité des paysages intérieurs.
Au fil du temps, sa peinture s’épure, s’ouvre à l’abstraction. La couleur et la matière deviennent ses compagnons fidèles : par elles, elle explore la vibration du monde, la résonance entre le dedans et le dehors. Inspirée par la lumière de Staël, Hélène cherche moins à représenter qu’à révéler — à faire naître un espace de contemplation où le regard peut respirer.
Ses toiles sont des haltes, des respirations. Elles invitent à la lenteur, à la découverte d’un équilibre fragile entre silence et mouvement, entre le monde et soi.
Chaque œuvre est une marche, un souffle, une trace de ce petit promeneur qui avance, humblement, à la rencontre de la beauté.